vendredi 10 avril 2009
227- L'ABC des échecs ou les premiers pas sur l'échiquier - Grichine et Iline
L'ABC des échecs ou les premiers pas sur l'échiquier
V. Grichine, E. Iline
Ed. 'Radouga" Moscou, 1972
1983 pour la traduction française
Traductions : Diakovski et Chevreau
Les auteurs annoncent dans la préface, que ce livre joliment illustré (par qui ? désolé, je ne traduis pas le russe... mais voyez la page de couverture, la qualité des dessins est identique dans les 88 pages de ce livre) est destiné à un public jeune : les 5 à 7 ans, du moment bien entendu que les parents lisent les textes à leurs chérubins.
Les chapitres sont autant d'histoires à distiller, pas plus d'un chapitre par semaine..., en voici les titres :
1- Une guerre de pièces de bois
2- Le conte du Roi et du vieux sage
3- Le champ de bataille
4- En avant! Rien qu'en avant!
5- Qui a été mis au piquet ?
6- Les Cavaliers
7- Les Fous
8- Qui est le plus fort?
9- Gardez-vous, Majesté!
10- Pièce touchée - pièce jouée
11- Qui a gagné? C'est partie nulle!
12- Non point le nombre, mais l'astuce
13- Le Roi s'en va-t-en guerre
14- Que tous les enfants le sachent!
Voici à titre d'exemple le début de la première histoire "Une guerre de pièce de bois"
"Quand vania eut cinq ans, sa tante lui offrit pour son anniversaire un jeu d'échecs. Il ouvrit la boîte à carreaux noirs et blancs et vit des pièces de bois polies qui sentaient le vernis. Les unes avaient une tête de cheval, d'autres les contours d'une tourelle, d'autres encore ressemblaient à des marionnettes. Vania les admira longuement, mais il ne savait pas ce qu'il pourrait en faire. Il s'en alla questionner papa et maman, mais eux aussi donnèrent leur langue au chat, car ils ne savaient pas y jouer non plus.
Quelques jours après, la grande boîte à carreaux ennuya Vania, et il la fourra sous le divan et l'oublia, avec toutes ses marionnettes.
Un jour, son petit ami Sérioja, qui avait le même âge que lui, vint le voir, et les deux garçons se mirent à jouer au hockey - sans glace naturellement - en chassant sur le plancher une petite rondelle en plastique (dite palet) avec leurs crosses multicolores. La rondelle courait dans la pièce et semblait fuir les enfants en se cachant tantôt sous la table, tantôt sous l'armoire, et les deux garçons promenaient à tour de rôle leurs crosses sous les meubles, pour en déloger la fugitive et la ramener au milieu du "terrain".
Une fois le palet vint se cacher sous le divan, et Sérioja alla l'y chercher. Mais au lieu du palet, il en sortit une boîte en bois recouverte de poussière.
- Tiens, un jeu d'échecs! dit Sérioja avec joie en oubliant la rondelle égarée. - On va y jouer!
- Je ne sais pas jouer, hésita Vania, et il rougit.
- Moi non plus, je ne sais pas, mais ça ne fait rien! on joue à la guerre.
Sérioja ouvrit la boîte et versa sur la table les pièces de couleur foncée et claire.
- Moi, j'ai les soldats jaunes, et toi, les noirs. Aligne donc ton armée, commanda-t-il en disposant les pièces de couleur claire les unes auprès des autres sur le bord de la table. Il en forma une longue chaîne, et aida Vania à disposer sur l'autre bout de la table la troupe des Noirs. Ensuite il alla prendre dans la boîte aux jouets un cube en plastique rouge et dit :
- C'est notre boulet. Nous tirerons à tour de rôle, comme ça.
Et Sérioja posa le cube devant son armée et d'une chiquenaude l'envoya brusquement en avant. Le "projectile" traversa toute la table et fit tomber deux combattants noirs. Vania voulut les relever, mais Sérioja dit qu'ils étaient tués et ne pouvaient pas se redresser. Alors Vania posa le cube sur la table, plia avec application son index et - vlan! - tira, mais... pas un seul soldat ennemi ne tomba - l'engin vola trop haut.
Son tir suivant renversa une pièce jaune qui avait une tête de cheval. Pourtant les pertes dans sa propre troupe étaient plus considérables, car Sérioja ne ratait pas ses coups.
- Ne t'en fais pas, tu vas apprendre ça, encourageait Sérioja son ami. Mais les succès ne réjouissaient pas celui-ci : Vania avait pitiè des combattants disciplinés, aux uniformes reluisants, qui étaient renversés après chaque tir de précision.
La bataille battait son plein quand on sonna à la porte. C'était Pétia, un garçon voisin qui avait deux ans de plus que Vania et sérioja et qui devait aller à l'école en automne.
- Que faites-vous là ? demanda Pétia en regardant les pièces de bois éparpillées sur le plancher.
- Tu ne vois pas que nous jouons aux échecs ? répondit Sérioja.
- Mais vous êtes bien drôles de jouer ainsi aux échecs, rit Pétia. - Vous abattez vos pièces sans voir si c'est un pion, ou une Dame.
Vania jeta un coup d'oeil inquiet vers Sérioja. C'est Sérioja qui avait imaginé ce jeu, et il devait montrer maintenant qu'on jouait correctement.
- Nous jouons comme nous voulons, se renfrogna Sérioja. C'est la guerre, tu vois. Voici mon armée, voici celle de Vania, et celui qui a abattu le plus de soldats ennemis gagne.
- Cette armée! fit Pétia sur un ton de supériorité. Elle reste sur place et attend d'être abbatue ! Sachez qu'aux échecs, il y a l'infanterie, la cavalerie, les canons, les commandants, et que chaque arme a sa manoeuvre. Elle marche de façon différente.
- Elle marche ? Où ? demanda Vania avec surprise.
- Oui, elle marche comme ça, sur l'échiquier, tu vois, et non pas sur la table... Toutes les pièces se déplacent d'après les règles, chacune à sa façon..."
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